Depuis cet été, le climat est inhabituel au Pérou : temps plus chaud à Lima, une saison des pluies très en retard dans la sierra… Si tu es au Pérou, tu as forcément entendu dire « es el niño ». Ok, mais c’est quoi exactement ?
El niño est un courant côtier saisonnier chaud au large du Pérou et de l’Equateur. Son nom, « L’Enfant » en espagnol, fait référence à Jésus, car il s’agit d’un courant qui apparaît généralement autour de Noël. C’est une conséquence régionale d’une perturbation dans la circulation atmosphérique générale entre les pôles et l’Equateur. El Niño peut déplacer les cyclones tropicaux et les zones de précipitations et de sécheresse. Il s’agit d’un phénomène mondial.
Depuis quand existe-t-il ?
Ce n’est en aucun cas un phénomène nouveau. Il est observé depuis le XVIème siècle par les pêcheurs sud-américains. Il serait d’ailleurs une des causes du déclin de certaines civilisations pré-incas, telle que les Moches (ou Mochica). Cependant, il est réellement étudié scientifiquement depuis peu. Il reste donc un phénomène mal connu, et son déclenchement est toujours un mystère. Le manque de données ne permet pas une bonne appréciation des risques éventuels. Le dernier El Niño en date est celui de 2009-2010.
Quelques points de repère dans l’étude scientifique d’El Niño :
• 1923 : Gilbert Walker, scientifique britannique et chef du service météorologique indien, établit une corrélation temporelle entre les relevés barométriques à l’Ouest et à l’Est du Pacifique Sud.
• 1967 : Jacob Bjerknes, météorologue norvégien, établit un lien entre les observations de Walker et El Niño
• 1985 – 1996 : Programme de collaboration internationale TOGA qui a permis de mieux comprendre le couplage océan-atmosphère
• 2001 : Lancement du programme WOCE par 44 pays, ce qui a permis d’établir un modèle climatique pouvant prévoir les années El Niño.
Depuis le début du XXIème siècle, les programmes de recherche se multiplient, avec notamment des lancements de satellite pour mieux étudier le phénomène.
Quel est son impact ?
En règle générale, le courant se traduit uniquement par le réchauffement des eaux au centre de l’océan Pacifique.
Mais tous les deux à trois ans, voire sept ans, le phénomène a des conséquences météorologiques plus importantes : sécheresses en Australie, hiver doux au Canada. Parfois, les conséquences peuvent être graves : famines meurtrières en 1876-77 dans le sud de l’Inde, ou encore inondations, glissements de terrain et tornades aux Etats-Unis lors de l’épisode de 1997-1998 – le plus puissant enregistré.
Et cette année ?
Cette année, El niño a commencé à se développer plus tôt, et au centre du Pacifique. Les météorologues prévoient un phénomène dangereux et ravageur. Cela se traduirait par des inondations en Asie et aux Etats-Unis, des sécheresses en Afrique, etc. Mais le manque de données ne permet pas d’évaluer précisément les risques.
Et au Pérou ?
• La situation météorologique normale
Le Pérou se sépare en trois grandes zones : la Costa, la Sierra et la Selva. Le climat est différent selon ces zones.
Dans la Sierra, l’année se divise en deux : la saison sèche durant laquelle les journées sont chaudes et ensoleillées et les nuits froides (de mai à septembre), et la saison des pluies, avec des températures plus chaudes mais de fortes précipitations (d’octobre à avril).
Dans la Selva, le climat est tropical et équatorial : une chaleur humide présente toute l’année, et une saison des pluies se caractérisant par de fortes précipitations.
Sur la Costa, le climat est particulier pour cette latitude. Il fait presque toujours entre 15 et 25°, et il ne pleut que très rarement.
Ceci est dû au courant de l’Humboldt (qui est un courant froid) qui longe les côtes du Chili, du Pérou et de l’Equateur. Tous les ans, un faible courant côtier inverse (et chaud) se met en mouvement. Lorsqu’il est plus important, il s’agit d’une année El Niño.
Source : « Ubicación, Geografía y Clima de Perú » peru.travel – Ministerio de Comercio Exterior y Turismo
• El niño au Pérou
Le premier effet d’El Niño est de réchauffer les eaux. Les poissons disparaissent alors des côtes, ce qui affecte l’activité des pêcheurs. Par la même, les précipitations augmentent dans les régions littorales. Ainsi, une année El Niño était autrefois considérée comme une année d’abondance au niveau de l’agriculture.
Certaines régions du Pérou sont concernées, mais pas toutes. A Lima, il se traduit essentiellement par des températures plus chaudes. C’est principalement dans le nord du pays que les risques sont les plus élevés. Dans tous les cas, le phénomène est pris très au sérieux car il a déjà fait des dégâts par le passé. On s’attend selon les régions à des pluies diluviennes ou à des sécheresses intenses. Le gouvernement péruvien a mis en place des mesures de sécurité dans certaines régions (fermeture des écoles fin novembre, exercices d’évacuation…). Certains sites archéologiques, comme à Piura, sont protégés pour éviter des dégâts irréversibles.
Au total, 518 000 personnes courent un risque selon le Ministère de l’Agriculture. Les régions de Cusco, Apurimac, Arequipa, Huánuco, Ayacucho, Cajamarca, Junín, Huancavelica et Lima seraient les zones les plus affectées.
Source : « Lanzan mapa virtual de riesgos por El Niño » La Republica, Edition écrite du journal du 23/10/15.
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